Se réconcilier avec le féminisme aujourd’hui

Se réconcilier avec le féminisme aujourd’hui

Comment se réconcilier avec le féminisme ?

Encore aujourd’hui, il est difficile pour de nombreuses personnes de se dire féministes.

La faute aux idées reçues ?

Pour en finir avec elles et se réconcilier avec le féminisme une bonne fois pour toute, voici quelques réponses aux plus communes.

Le féminisme serait :

  1. dépassé
  2. contraire à l’ordre naturel
  3. une affaire de femmes
  4. la guerre faite aux hommes
  5. vouloir se passer des hommes
  6. un dénigrement des femmes au foyer
  7. une croix sur la féminité
  8. la fin de la galanterie et de la séduction
  9. un manque certain d’humour
  10. de l’agressivité, cela va trop loin

Peut-être reconnaissez-vous certains de vos propres arguments.

Alors, prêts à faire voler en éclats ces idées reçues ?

Et comme toujours, n’hésitez pas à commenter, à rapporter vos propres expériences, à partager.

Bonne lecture.

1 – C’est dépassé

Se faire agresser par son conjoint ou d’autres hommes.

Se faire harceler, suivre dans la rue, insulter quand on ne répond pas favorablement à la « séduction ».

Ne pas pouvoir accéder à certains postes ou métiers ou à des salaires équivalents alors que la compétence et le travail sont pourtant bien présents…

Ces comportements envers les femmes existent toujours et restent encore communs.

Discutez autour de vous. Vous vous rendrez alors compte que la majorité des femmes a connu l’une ou plusieurs de ces situations.

Non, cela n’arrive pas qu’ailleurs.
C’est parfois plus proche de vous que vous ne le pensez.

Si vous y avez échappé, croyez bien que j’en suis heureuse pour vous. Toutes n’ont pas eu ou n’auront pas cette chance. Vos amies, sœurs ou filles pourraient être victimes à leur tour de ces mêmes situations. Quel monde voulez-vous pour elles demain ?

De plus, sachez que rien n’est acquis définitivement.

« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »

Simone de Beauvoir

Pour preuve, regardez ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis sur l’IVG.

Alors non, ce n’est pas dépassé.

« En tant que femmes, nous devons nous lever pour nous-mêmes. En tant que femmes, nous devons nous lever pour les unes et les autres. En tant que femmes, nous devons nous lever pour la justice pour tous. »

Michelle Obama

2 – Contraire à l’ordre naturel

Certains clichés ont la vie dure.

Non, les femmes n’ont pas toujours attendu dans la grotte (je veux dire à la maison) l’homme fort qui leur ramènerait le produit de la chasse (son salaire aujourd’hui).

En fait, au tout début, la société était même plutôt égalitaire. Et oui, même la femme participait à la chasse.
C’est après que ça s’est gâté, allez savoir pourquoi.

Dire que la femme en fut heureuse, c’est peut-être exagéré, non ?

« On ne naît pas femme : on le devient. »

Simone de Beauvoir (oui, encore elle)

Si j’interprète bien, cet ordre soi-disant naturel serait davantage un ensemble de principes de société inculqués dès le plus jeune âge.

A ma connaissance, aucun scientifique n’a encore découvert de gênes prédisposant un sexe ou l’autre à maîtriser l’art de la cuisine ou du ménage ou encore de la mécanique.

Et pouvoir porter des enfants ne signifie pas vouloir en faire une vocation. Ce n’est pas non plus refuser d’en faire, c’est avoir le choix d’en avoir ou pas. Ce ne doit pas être aux autres de déterminer de quelle façon je dois disposer de mon propre corps. Nous en avons tous le choix et la responsabilité.

Alors oui, les femmes auront tendance à éduquer leurs enfants, les protéger et à vouloir le meilleur pour eux.

Mais n’est-ce pas le cas de la plupart des pères également ? Ils n’en sont pas pour autant moins hommes.

3 – Une affaire de femmes

Le féminisme comme tout mouvement égalitaire est l’affaire de tous.

D’ailleurs, il existe des hommes féministes. Et tant mieux !

Dans votre entourage déjà. Si si. Oubliez le mot Féministe et pensez respect, égalité… Ils sont bien là.

Et il y en a aussi quelques représentants dans les médias : Daniel Craig (James Bond en personne !), Pierce Brosnan (un autre James Bond !), Prince Harry (Prince charmant), Daniel Radcliffe (Harry Potter), Barack Obama (un président), George Clooney (What else), Mark Ruffalo (Hulk), Patrick Stewart (un X-men)… Rien que ça !

Pour preuve, quelques citations :

« Je suis un homme, je pourrais dire que cela ne me regarde absolument pas. Sauf que j’ai deux filles et que ma mère a été obligée de se faire avorter illégalement dans un état où l’avortement était interdit lorsqu’elle était jeune. Ça lui a coûté 600 dollars ».

Mark Ruffalo

« Je n’ai que rare­ment parlé des défis que doivent rele­ver les petites filles, mais je pense qu’il est impor­tant de rappe­ler quelque chose qui est devenu évident à mes yeux : il y a bien trop d’obstacles entre les jeunes filles et les oppor­tu­ni­tés qu’elles méritent. »

Prince Harry

« J’ai grandi avec des femmes donc je me suis toujours rendu compte du fait qu’elles étaient considérées comme des objets. »

Ryan Gosling

« Il y a encore beaucoup de travail que nous devons faire pour améliorer les perspectives des femmes et des filles ici et partout dans le monde… En fait, le changement le plus important, c’est de nous changer nous-mêmes »

Barack Obama

Ce que ces hommes ont généralement en commun, c’est d’avoir été témoins de certains événements qui ont eu une incidence sur leur vie ou celle de leur proches.

4 – La guerre faite aux hommes

Nous ne luttons pas contre les hommes mais contre les injustices.

Qui peut sincèrement penser qu’un individu doit être moins considéré que d’autres sous prétexte de genre, de race ou d’orientation sexuelle ?

Etre féministe, ce n’est pas vouloir dominer les hommes ou les émasculer comme j’ai pu le lire.

Je voudrais juste rappeler qu’être féministe, c’est vouloir une égalité comme le prévoit d’ailleurs la Déclaration des Droits de l’Homme.

Et qui n’a pas rêvé de vivre dans une société équitable ? Car dans ce genre de monde, il n’y a pas de perdants.

Alors de quoi avons-nous peur ?

5 – Vouloir se passer des hommes

Ce n’est pas vouloir être aussi forte voire plus qu’un homme, c’est vouloir l’égalité des droits.

« Elle veulent l’égalité ? Alors qu’elles se débrouillent ! »

Mais l’égalité des droits n’a jamais voulu dire laisser une personne en difficulté.

Si vous êtes grand, allez-vous refuser d’aider un plus petit à atteindre un article en hauteur dans un supermarché ?

Si vous êtes doué en informatique, allez-vous regarder une personne s’escrimer pendant une heure alors que cela pourrait être terminé en 5 minutes avec votre aide ?

Je vais prendre l’un des sujets évoqué régulièrement : le port de charges lourdes.

Il est vrai qu’il est compliqué de porter un sac de 25kg de sel de déneigement. J’en sais quelque chose car je me suis débrouillée seule pour en ramener un chez moi. Mais un tel besoin est plutôt rare, non ? Et certaines femmes plus fortes que moi s’en sortiront sans grande difficulté.

De plus, aujourd’hui, nous avons de plus en plus de moyens à notre disposition pour porter des charges (caddies à 6 roues pour les escaliers, diables…).

Et pour le bricolage ?

Je répondrai que de plus en plus de femmes bricolent. Et que certains hommes ne sont pas du tout bricoleurs. Ce qui fait le bonheur des magasins de bricolage qui proposent maintenant des cours.

Tondre, couper du bois… ?

Sincèrement, voulons-nous vraiment résumer les hommes à ces rôles ?

6 – Un dénigrement des femmes au foyer

Pas du tout.

Ce qui importe, c’est d’avoir la possibilité de choisir sa vie indépendamment de notre sexe ou de nos origines.

De mon côté, j’ai choisi de travailler pour la liberté que cela me procurait. J’avais également conscience que je pouvais me trouver sans ressource en cas d’aléas (divorce, veuvage, licenciement du conjoint…).

Mais je connais aussi des hommes et des femmes qui ont choisi de s’occuper de leur foyer à plein ou mi-temps et qui en sont très heureux.

Alors que nous rêvions de devenir astronaute, assistante, entrepreneure, militaire ou bien de se consacrer pleinement à son foyer, notre choix doit être respecté.

Que nous soyons hommes ou femmes.

Car nous n’avons pas moins de compétences ni d’envies ou besoins.

7 – Une croix sur la féminité

Et si nous oublions le stéréotype de la féministe célibataire, frustrée, moche… ?

Oui, on peut être féministe et porter une mini-jupe, du rouge à lèvres, vouloir se sentir jolie.

Ce que nous ne voulons pas, c’est être jugée pour ça, que ce soit interprété systématiquement comme une invitation ou pire, une excuse au viol.

Une femme coquette et souriante n’est pas une « allumeuse » ou une « fille qui n’attend que ça ».

Je me rappelle d’un homme évoquant l’une de mes collègues. « Il paraît que c’est une … ». Il n’est pas utile de vous communiquer le mot exact, je pense. Je suis tombée des nues. Il ne la connaissait même pas. Ma collègue était une jolie femme sans aucune vulgarité, d’une grande gentillesse et toujours très souriante. Elle était la même avec les femmes et les hommes et rien d’équivoque ne transparaissait dans son comportement. Rien qui puisse expliquer cette interprétation. J’ai détrompé cet homme lui expliquant que c’était juste une personne très agréable et que cela faisait du bien dans un monde où le sourire pouvait se faire rare.

En résumé, un sourire est juste un sourire, une jolie robe juste une robe choisie avec soin pour se sentir jolie et confiante, un bonjour de la cordialité…

N’y voyons pas systématiquement des armes de séduction visant à frustrer la gent masculine. Car avant de plaire aux autres, nous voulons déjà et surtout nous plaire.

8 – La fin de la galanterie et de la séduction

Qui n’aime pas les compliments quand ils sont sincères et respectueux ? Qui n’aime pas les gestes attentionnés ?

Il est vrai que nous ne sommes pas contre nous voir offrir un repas mais pas si cela signifie devoir le payer en nature plus tard.

Nous aimons les compliments élégants (« tu sais que t’es bonne » ne fait clairement pas partie de cette catégorie) mais pas les remarques déplacées ou insistantes.

Nous pouvons apprécier la séduction mais pas de nous faire suivre et harceler, voire même insulter quand on exprime un refus.

Il n’y a plus de séduction quand il y a pression, chantage (même affectif), insistance déplacée.

Quant à être contre la galanterie, comment le pourrions-nous alors qu’elle est en voie d’extinction ?

Qui laisse passer d’abord les femmes ? Ou tient encore la porte à une femme ? Ou encore sert d’abord les femmes ? …

D’ailleurs, qui le fait encore aujourd’hui que ce soit pour des femmes ou pour des hommes ?

Certes, cela existe encore mais cela se fait rare et n’est pas destiné uniquement aux femmes.

9 – Un manque certain d’humour

Vous croyez ?

Alors que pensez-vous de ces quelques sketchs, citations et images ?

Farah – Tampax et féminisme

Tania Dutel – #MeToo

« Mon mari dit qu’il veut passer ses vacances dans un endroit où il n’est jamais allé. J’ai répondu : Et pourquoi pas la cuisine ? »

Nan Tucket

« Une femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente. »

Françoise Giroud

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10 – De l’agressivité, cela va trop loin

Je répondrai : où est vraiment vraiment l’agressivité, qui va réellement trop loin ?

Pendant des siècles, les femmes ont subi nombre d’injustices. Elles n’étaient pas maître ni de de leur corps, ni du fruit de leur travail, en résumé de leur vie.

Ce qui a été vu ici comme de l’exagération ou de l’agressivité était surtout une libération de la parole.

Oui, cela a fait du bruit. On ne peut s’attendre à autre chose quand le silence se brise enfin au bout de plusieurs années.

Oui, certaines femmes n’ont rien dit pendant des années. Se sentir enfin soutenue et non plus isolée leur a enfin donné le courage de s’exprimer. Devons-nous les en blâmer ?

Je comprends que cela puisse parfois heurter (ex : Femen) ou qu’il y ait eu parfois un sentiment d’exagération (ex : Metoo, Balance ton porc…), que l’on soit homme ou femme.

Mais nous sommes tous différents.

Cela signifie des modes d’expression mais également d’apprentissage différents. Peut-être n’arriverons-nous pas à convaincre certains à moins d’avoir des messages ou images forts. Quand d’autres seront plus sensibles à des témoignages ou des discours plus modérés ou encore à de l’humour.

Pour autant, contrairement à de nombreux mouvements de libération, je ne me rappelle pas avoir été témoin de bains de sang de la part des féministes.

Je terminerai par cette citation de Benoîte Groult :

« Car le féminisme ne se résume pas à une revendication de justice, parfois rageuse, ni à telle ou telle manifestation scandaleuse ; c’est aussi à la promesse, ou du moins l’espoir, d’un monde différent et qui pourrait être meilleur. »

Et vous, ne voulez-vous pas d’un monde différent et meilleur ?

Alors, prêt à se réconcilier avec le féminisme aujourd’hui et le défendre à votre tour ?

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