Le 11 février de chaque année, c’est la Journée internationale des Femmes et filles de science, occasion de rappeler que les femmes ont également leur place dans ce domaine.
Il est d’autant plus important qu’elles soient représentées si l’on veut identifier les problèmes et solutions relatifs à l’ensemble des besoins de la société et non juste ceux des hommes.
Et il n’y a pas que Marie Curie dans la vie !
Certes, elle a tout de même gagné deux prix Nobel (exploit accompli par 4 personnes uniquement à ce jour !).
Néanmoins, même si je suis clairement admirative du parcours de cette grande dame, d’autres femmes ont depuis marqué la Science de leur empreinte.
En effet, derrière des avancées scientifiques et technologiques majeures au travers de l’histoire, se cachent parfois des femmes.
Malgré tout, pour celles et ceux qui s’intéresseraient à ces femmes de l’Histoire, je vous invite à lire un article du magazine Femmes ici et aileurs (numéro de janvier/février).
Retrouvez également 40 portraits de femmes scientifiques remarquables dans cette brochure.
J’aurais pu vous parler de toutes ces femmes à cette occasion mais je préfère me tourner plutôt aujourd’hui vers les figures actuelles.
Car selon moi, il est important de faire comprendre aux jeunes filles qu’il leur est possible de se diriger dans ce domaine, voire même d’y exceller.
Et quoi de mieux que de leur proposer des modèles actuels pour cela ?
D’où vient cette journée internationale ?
Le 22 décembre 2015, l’Assemblée générale des Nations Unies a décidé de lancer la Journée internationale des femmes et des filles de science.
Elle sera dorénavant célébrée chaque année le 11 février.
L’objectif est de promouvoir l’accès à la science des femmes et filles.
Cette journée permet de rappeler qu’elles jouent un rôle primordial dans cette communauté et que leur participation doit être renforcée.
En effet, comme Audrey Azoulay, Directrice Générale l’explique ci-dessous, nous avons besoin de tous les talents pour relever les défis d’aujourd’hui et demain.
« Pour relever les immenses défis du XXIe siècle – du dérèglement climatique à la disruption technologique – nous avons besoin de la science et de toutes les énergies nécessaires ; et c’est pourquoi le monde ne peut se priver du potentiel, de l’intelligence, de la créativité, de ces milliers de femmes victimes de la persistance des inégalités ou des préjugés.
En cette Journée internationale des femmes et des filles de science, l’UNESCO appelle la communauté internationale, les États, et chaque individu, à se mobiliser pour que l’égalité, dans le domaine des sciences comme dans d’autres domaines, devienne une réalité. L’humanité a tout à y gagner, la science aussi. »
Audrey Azoulay, Message à l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science 2020
Au programme 2020 de cette journée
une discussion autour de la question de l’écart entre les genres dans les sciences. Elle est basée notamment sur les conclusions de la Conférence de novembre 2019 “A Global Approach to the Gender Gap in Mathematical, Computing, and Natural Sciences : How to Measure It, How to Reduce It?”.
Le rapport issu de cette conférence confirme notamment que l’écart entre les sexes est flagrant dans les sciences et les mathématiques. Il propose aussi des méthodes et outils et un ensemble de recommandations à destination de l’Education, des parents et des associations scientifiques.
Car il est effectivement de notre responsabilité à tous, enseignants, professionnels ou parents, de convaincre nos filles qu’elles ont leur place ici.
1e étape : en finir avec l’idée reçue que seuls les hommes sont doués en sciences.
Pas douées en sciences les femmes ?
Un des plus vieux stéréotypes est que les hommes sont meilleurs en mathématiques et les femmes en littérature.
Quand on se penche sur l’occupation des métiers scientifiques et techniques, on pourrait donner raison à cette idée reçue.
Et pourtant, n’est-ce pas plutôt cette idée reçue rabâchée depuis l’enfance qui entraîne un manque de confiance en elles dans le domaine des sciences ?
Sinon, comment expliquer ce désintérêt ou abandon des filles pour des filières scientifiques alors qu’elles ont de meilleurs résultats scolaires que les garçons ?
Des études remettent d’ailleurs en cause ce déterminsme.
Ainsi, un test de mathématiques réalisé par 300 000 adolescents des deux sexes dans 40 pays a montré que l’écart de performance en mathématiques entre les garçons et les filles est fonction du niveau d’émancipation des femmes. Autrement dit, plus la culture est égalitaire plus l’écart de performance entre les deux sexes est moindre (source : Wikipédia).
Retrouvez ici un témoignage de Rebecca Baron (en anglais) – Conquering the Gender Gap in S.T.E.M – TEDxKids@BC :
Rebecca y explique comment les filles perdent de l’intérêt pour la science au fil des années. Elle-même a dû lutter contre des préjugés qui venaient parfois même de proches et d’amis (« Don’t be a nerd ! »). Elle a dû faire un choix. Elle a fait celui de la Science, son rêve depuis l’enfance.
Toutes auront-elles la même force de caractère ou la même passion ?
Comment faire bouger les mentalités ?
Et s’il suffisait de leur montrer des modèles qui ont déjà ouvert la voie ?
Ces femmes qui continuent à ouvrir la voie
Il n’est pas facile de faire un choix parmi toutes ces femmes car elles le méritent toutes.
J’ai donc décidé de m’intéresser de plus près à celles qui ont été nommées récemment : Prix Nobel en science, Légion d’honneur, Prix L’Oréal Unesco, Prix Irène Joliot Curie, Médaille Fields.
Des récompenses illustres pour des femmes d’exception.
Lauréates Prix Nobel de science (Physique, Chimie, Médecine, Economie)
Physique
Donna Strickland (2018), Canadienne :« méthode de génération d’impulsions optiques ultra-courtes à haute intensité »
Nul ne sait ce qui peut arriver quand on soutient un esprit curieux qui essaie de découvrir quelque chose de nouveau.
L’américaine Andrea Ghez (2020) pour ses travaux sur les trous noirs (découverte de l’objet supermassif au centre de notre galaxie).
Chimie
Ada Yonath (2009), Israélienne : études de la structure et de la fonction du ribosome
Nota : elle était déjà lauréate du Prix L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science en 2008 !
Frances H. Arnold (2018), Américaine :« évolution dirigée des enzymes »
Les généticiennes Emmanuelle Charpentier, française, et Jennifer Doudna, américaine (2020) : Développement d’une méthode d’édition du génome (ciseaux moléculaires).
Médecine
Françoise Barré-Sinoussi (2008), Française : découverte du virus de l’immunodéficience humaine
Je me suis dit que j’allais essayer de montrer que les femmes peuvent étudier les sciences et y faire du bon travail
Elizabeth Blackburn (2009), Australienne : découverte de la façon dont sont protégés les chromosomes par les télomères et de l’enzyme télomérase
Nota : Elizabeth était également lauréate du Prix L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science en 2008 !
Carol Greider (2009), Américaine : découverte de la façon dont sont protégés les chromosomes par les télomères et de l’enzyme télomérase
May-Britt Moser (2014), Norvégienne : découverte de cellules qui constituent un système de géoposition dans le cerveau
Tu Youyou (2015), Chinoise : découverte d’une nouvelle thérapie contre le paludisme
Economie
Elinor Ostrom (2009), Américaine : analyse de la gouvernance économique, et en particulier, des biens communs
Esther Duflo (2019), Française : nouvelle approche (expérimentale) pour obtenir des réponses fiables sur la meilleure façon de réduire la pauvreté dans le monde
Prix L’Oréal-UNESCO
Ada Yonath et Elizabeth Blackburn ont reçu toutes deux à la fois un Prix Nobel en 2009 et le Prix L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science en 2008.
Médaille Fields
La médaille Fiels est l’une des plus grandes récompenses, l’équivalent du Prix Nobel, en mathématiques.
En 2014, Maryam Mirzakhani devient la première femme ayant reçu la médaille.
J’espère que ce prix inspirera beaucoup plus de filles et de jeunes femmes, dans ce pays et dans le monde entier, à croire en leurs propres capacités et à viser à devenir les médaillées Fields du futur.
Légion d’honneur
Parmi la promotion de janvier 2020, ces scientifiques ont été nommées chevaliers de la Légion d’honneur :
Nathalie de Noblet-Ducoudré, chercheuse, membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC),
Michèle Sebag, spécialiste de l’intelligence artificielle, directrice de recherche au CNRS,
Françoise Soulié-Fogelman, mathématicienne et informaticienne.
Prix Irène-Joliot-Curie
Chimiste, physicienne et femme politique française, Irène Joliot-Curie est la fille des physiciens Pierre et Marie Curie. Elle obtient le Prix Nobel de chimie en 1935. Cela doit être de famille 😉
Depuis 2001, ce prix a pour objectifs de « promouvoir la place des femmes dans la recherche et mettre en lumière les carrières exemplaires de femmes de sciences ». Il récompense des parcours exemplaires tant dans la recherche publique que privée.
Les lauréates des 3 catégories en 2019
Femme scientifique de l’année : Françoise Lamnabhi-Lagarrigue pour ses travaux de recherche dans le domaine de l’automatique
Jeune Femme scientifique : Sophie Postel-Vinay pour ses travaux de recherche sur le développement précoce de nouvelles molécules
Femme, recherche et entreprise : Belinda Cowling pour ses travaux de recherche dans les maladies neuromusculaires
Comme vous l’aurez certainement compris au travers de cet article, les femmes sont aussi douées que les hommes en sciences.
Il suffit de regarder les statistiques de l’Education Nationale, les différentes études faites sur le sujet ou même les femmes qui se sont illustrées dans ce domaine.
Aujourd’hui, il nous faut non seulement l’intégrer mais également le faire comprendre à nos futures générations.
Il n’est pas seulement question d’égalité ici. Comme l’a indiqué Audrey Azoulay, nous avons besoin de tous pour relever les challenges de demain.
Alors pourquoi prendre le risque de se passer de l’énergie et des connaissances de la moitié de la population ? Et pour les femmes, pourquoi se priver de nombreux métiers qui peuvent s’avèrer passionnants ?
Ainsi, si vous êtes intéressé.e par le digital, où les femmes ont également leur place, je vous invite à retrouver ici l’interview de Marie-Maï Vasseur, responsable pédagogique de la NFactory School. Elle-même est arrivée par hasard dans ce monde du numérique pour ne plus jamais le quitter.
J’espère que cet article vous aura plu.
N’hésitez pas à commenter, partager, liker et à nous faire part de votre propre expérience.
Au plaisir de vous lire.
Sophie