Le small talk ou l’art de tenir des conversations informelles est un exercice social compliqué pour les introvertis et les timides. Mais pas uniquement. En effet, autant les anglais et américains y excellent, autant les français n’y sont pas préparés culturellement. Et pourtant, nous avons tou.te.s à gagner de ce créateur de lien social. Dans la vie privée, dans le domaine professionnel ou encore le monde des affaires. Mais comment faire quand nous n’y sommes pas habitué.e.s. Pas de panique. En voici les clés.
Je te propose, dans cet article :
- Une définition du small talk
- Un tour du monde du small talk
- Les clés pour pratiquer ces conversations informelles
- Des exemples de phrases pour entamer un small talk
- Les sujets et les attitudes à éviter.
Qu’est-ce que le small talk ?
Définition du small talk
Le small talk peut se définir comme une conversation polie sur des banalités, que l’on a essentiellement avec des inconnus ou des personnes que l’on voit peu.
Parmi les traductions de small talk, tu retrouveras des mots comme : bavardage, banalités, blablabla, patati et patata, causette, papotage, verbiage.
Se connaître, n’est-ce pas le but de la conversation ?
Félix Leclerc
En fait, généralement, ces conversations légères ont pour objectif de créer un lien social qui permettra de définir si cela vaut la peine de se revoir. Et elles peuvent aussi être une introduction à des conversations plus profondes si le lien se crée.
« Normalement, une petite conversation suffit pour que je me fasse une opinion sur quelqu’un. Je porte des jugements rapides, souvent complètement faux, et je m’y tiens fermement. »
Alex Garland
Mais bien entendu, ce n’est pas les seuls moments où nous en faisons usage. En fait, nous les utilisons aussi régulièrement, par politesse et pour entretenir le lien social, lors d’interactions avec des personnes que nous côtoyons régulièrement (entourage professionnel, commerçants…).
Origine du small talk
Cette notion de small talk a été mise en évidence en 1923 par l’anthropologue Bronisław Malinowski dans un essai. Et pour décrire ce type de communication sociale, il utilisait le terme de « phatique » (=servant à maintenir le contact et non un message) :
« Des expressions sans but de préférence ou d’aversion, des récits d’événements non pertinents, des commentaires sur ce qui est parfaitement évident. »
Il semble incontournable pour créer ou maintenir un lien social. Et pourtant, il ne semble pas si évident pour tout le monde. Pour des raisons intrinsèques comme l’introversion ou la timidité. Mais également pour des raisons culturelles, par exemple. Et pour nous en rendre compte, je te propose un tour du monde. De cette façon, tu te rendras compte que les français ne sont pas les seuls à être mal à l’aise avec ces « bavardages sans intérêt ».
Le tour du monde du small talk
L’appréhension de ce mode de communication est différente d’un pays à l’autre. Aussi, pour ceux qui ne veulent pas commettre d’impair dans un univers multiculturel ou pour les curieux, voici quelques points à connaître.
Pour l’Indien, la politique est ce que le temps est pour un Anglais. La politique, c’est se présenter à un étranger dans un train, c’est combler les silences embarrassants dans une conversation, c’est l’inévitable small talk dans toute réunion sociale.
Santha Rama Rau
Aux Etats Unis
Ici, c’est uniquement un moyen de se rendre sympathique, tout comme le sourire large. Et si on peut parler de sujets personnels même avec sa hiérarchie, on ne s’attend pas à ce qu’ils soient développés. En fait, c’est même l’inverse. Une réponse courte sera appréciée. Quant aux sujets pouvant être évoqués, ils sont relativement larges : loisirs, famille, sport, projets, actualités… Par contre, dès qu’on sent que la situation devient tendue, on change de sujet.
En Italie
Chez les italiens, on parle cuisine (plats, recettes, restaurants…) et famille même si le sujet de la Mama peut vite déraper.
En Europe du Nord
Pour les suédois, pas de small talk avec les inconnus. Néanmoins, avec ses collègues, on parle projets, week-ends ou vacances à venir.
Au Brésil
Dans ce pays, on parle de tout, y compris de politique. Seule condition : tout va bien quoiqu’il arrive.
En Angleterre
Les anglais parlent météo et projets de la soirée ou du week-end mais évitent les sujets qui fâchent comme la famille royale ou la politique. Tu es prévenu.e.
En Espagne
Chez les espagnols, il est d’usage de parler de cuisine ou, à l’approche de l’été, de ligne et de forme.
En Allemagne
Les allemands ne sont pas vraiment adeptes du small talk. Néanmoins, si tu t’y essaies, c’est le sujet du travail sans rentrer dans les détails (comment cela se passe, le métier exercé…), la difficulté à se loger, les loyers ou la météo désagréable.
En France
Effectivement, pour les français, comme pour les allemands, une discussion se doit d’être profonde. Néanmoins, quand ils se laissent aller à pratiquer le small talk, les discussions tournent plutôt autour de la cuisine et des restaurants ainsi que des grèves.
Source principale : babbel.com
Comment pratiquer le small talk ?
Nous l’avons vu, il n’est guère facile de pratiquer le small talk pour un français ou tout simplement si nous sommes introvertis ou timides. Néanmoins, ces 10 clés devraient t’aider à t’en sortir.
1 – Se préparer et s’entraîner
Se préparer, c’est savoir se présenter rapidement, avoir en tête des sujets de prédilection et ceux extraits de l’actualité, avoir éventuellement demandé à être briefé sur les invités et pourquoi pas être présenté.e à eux. Quant à s’entraîner, c’est se lancer dans ces discussions banales dès que tu en as l’occasion : dans les réunions familiales, au travail, à la boulangerie, chez le coiffeur, à la caisse du supermarché… De cette façon, cela te semblera de plus en plus naturel.
2 – Oublier la phrase « Ne parle pas aux inconnus »
Même si elle t’a été serinée par tes parents, tu es à même aujourd’hui de te rendre compte qu’un inconnu ne représente pas systématiquement un danger. En fait, il peut même au contraire être une source d’enrichissement et peut-être un.e futur.e ami.e ou relation.
3 – Observer et écouter
Cela te permettra d’identifier les personnes ayant les mêmes centres d’intérêt, faisant preuve de bienveillance…
4 – Repérer les personnes ouvertes
Il s’agit des groupes détendus et ouverts aux autres, des personnes seules que tu viendras sauver de l’ennui, des visages familiers ou souriants…
5 – Se présenter
Poser un sourire naturel sur ses lèvres, dire bonjour et ajouter une phrase qui facilitera « l’adoption » (je travaille avec untel, je suis une amie de nos hôtes…).
6 – Poser des questions neutres et ouvertes
Commencer par des questions classiques, de préférence ouvertes (pour éviter les « oui » ou « non » qui clôturent directement la conversation).
7 – Etre positif
Discuter de sujets optimistes ou, à défaut, les amener de façon positive.
8 – Montrer son intérêt
Tu peux le faire en hochant la tête au bon moment, en posant des questions montrant ta curiosité sur le sujet…
9 – Etre acteur de cette conversation
Alimenter la conversation de façon constructive (plus qu’un ou deux mot marmonnés).
10 – Etre attentif
Il s’agit de prêter attention aux réactions .Ainsi, en cas d’absence de réactions ou d’écoute, de regards fuyants (…), il est temps de changer de sujet ou de chercher d’autres partenaires de conversation.
Exemples de small talk
Dans ce type de discussions, nous retrouverons les classiques qui permettent de mieux connaître son interlocuteur (son métier, son lieu de résidence, ses loisirs, les dernières vacances, les enfants…). Par ailleurs, les films et livres sortis récemment peuvent également être un sujet. Et le sport peut être un bon moyen d’accroche si on s’y connaît un peu. En fait, le seul impératif, quel que soit le domaine, c’est de ne pas dénigrer sous peine de faire la gaffe de l’année. Mais maintenant, voyons plus concrètement quel type de conversations nous pouvons engager avec ces quelques exemples.
Rencontre
Belle journée, n’est-ce pas ?
Est-ce la première fois que vous venez ici ?
Vous avez pu vous garer facilement ? Vous avez pu trouver sans problème ?
J’ai cru comprendre que vous exerciez tel métier, que tu allais à telle école… À quoi ressemble une journée type d’un.e [métier] ?
Que pensez-vous du film, du restaurant ou de la soirée ?
Vous semblez connaître ce restaurant. Quel plat me conseilleriez-vous ?
Je serais curieux d’en savoir plus sur [destination de vacances]. Quels sont les endroits à visiter impérativement ? Quel endroit avez-vous préféré ?
J’ai noté que vous aviez tel modèle de voiture ? La conduite est-elle agréable, confortable ?
Vous jouez de tel instrument ? Que me conseillerez-vous comme modèle pour commencer ?
Comment avez-vous appris l’anglais, à peindre, à jouer du piano ?
Vous êtes de la région ?
Vous semblez aimer les animaux. En avez-vous de votre côté ?
J’ai noté que vous aviez le logo de telle équipe de football. Fidèle supporter ?
J’aime beaucoup votre tenue. Je la trouve très élégante.
J’aime beaucoup ce que vous avez fait de cet appartement.
Personnes que l’on connaît déjà
Bonjour, comment allez-vous ? Ravi.e de vous revoir.
Il y a longtemps que je ne vous ai pas vu.e. Quelles sont les nouvelles ?
La dernière fois que je t’ai vu.e, tu voulais [projet]. Où en es-tu ?
Avez-vous fini par [projet] ?
Saviez-vous que… ?
J’ai entendu dire que tu avais décidé de… ?
Travailles-tu toujours chez… ? Comment va le travail ? Où en es-tu de tes études ?
Comment vont la famille, les enfants, untel ?
Small talk : à ne pas faire
Small talk : sujets à éviter
Il faut se rappeler qu’il s’agit de créer du lien et de laisser, si possible, une bonne impression. De ce fait, certains sujets, comme ceux-ci, sont à éviter :
Ce serait dommage de se fâcher dès les premiers contacts, non ?
- polémiques (politique, religion, l’argent et les finances en général, l’éducation)
- sujets confidentiels ou trop personnels qui peuvent mettre mal à l’aise
- domaines d’expertises où tu vas perdre la moitié de l’auditoire avec ton jargon
- commérages et autres rumeurs,
- l’apparence (ex : âge, poids, « c’est prévu pour quand ? » à la vue d’un ventre rond),
- blagues lourdes et/ou salaces (sexistes, racistes…),
- les conseils santé si tu n’es pas médecin et qu’on ne te demande pas ton avis,
- les sujets glauques (mort, maladie…)
- Et tous les autres pour lesquels nous avons un avis tranché ou sur lesquels nous sommes particulièrement sensibles.
« Il faut se taire ou dire des choses qui vaillent mieux que le silence »
Proverbe grec
Et si malgré toutes tes précautions, tu sentais la situation devenir tendue, mets fin élégamment à la conversation.
En effet, rappelle-toi que tes interlocuteurs sont potentiellement un nouvel ami ou un prochain client. Et que dans tous les cas, cela ne mérite pas de se fâcher.
Small talk : Attitudes à éviter
De la même façon que certains sujets sont à éviter, le comportement compte également pour beaucoup dans le small talk. De ce fait, je te propose de lister les attitudes à bannir sous peine d’obtenir l’effet contraire :
- Parler longuement d’un sujet sauf personne aussi passionnée en face (même si ta fille est merveilleuse, il est inutile de vouloir en convaincre ton interlocuteur)
- Utiliser un jargon incompréhensible pour la majorité de l’auditoire
- Continuer à s’accrocher à une personne alors qu’elle manifeste clairement son envie de mettre fin à la conversation
Ne voulant pas que quelqu’un fasse éclater ma bulle en me parlant, j’ai immédiatement commencé à lire Lesbian Nuns, et cela a fonctionné. Personne n’a essayé de me faire la causette.
John Waters
- Choisir le mauvais moment : personne manifestement occupée ou ne souhaitant pas d’interaction (ex : portant des écouteurs ou lisant un livre), personnes en pleine discussion qui ne souffre aucune interruption
- Vouloir à tout prix combler les silences (la peur du blanc)
- Poser des questions trop fermées (induisant les réponses « oui » ou « non ») qui vont clôturer la conversation avant même qu’elle ait commencé
- Se plaindre de tout et de rien
- Chercher à avoir raison quoiqu’il en coûte, prêcher, donner des leçons ou vouloir impressionner
- Ne pas écouter son interlocuteur et transformer la discussion en monologue
- Etre trop curieux au point de mettre mal à l’aise ton interlocuteur.
Bien entendu, cette liste n’est pas exhaustive.
Les bénéfices du small talk
Le small talk rend heureux
Une expérience menée en 2014 par Nicholas Epley et Juliana Schroeder, sur le réseau de train et de bus de Chicago a révélé que les discussions nous rendent en fait plus heureux. Les voyageurs, faisant partie du groupe de volontaires invités à discuter avec des inconnus, ont rapporté un trajet plus agréable que ceux qui sont restés seuls. Pourtant, ils ont avoué s’attendre au résultat inverse.
Cela confirmerait les conclusions d’une étude de 2013 réalisée par des chercheurs de l’Université de l’Arizona et de l’Université de Washington à Saint-Louis. En effet, cette étude publiée dans Psychological Science fait état d’un lien entre plus de conversations et une humeur plus agréable.
La plupart des relations ont commencé par un small talk
Et cela vaut tout autant dans les relations amicales, amoureuses, professionnelles et commerciales. En effet, ces petites discussions sans intérêt permettent de savoir si tu peux t’entendre amicalement ou professionnellement avec une personne. C’est ton premier contact, la première impression que tu donnes aux autres.
Alors ce serait dommage de passer à côté de ces discussions et bavardages finalement pas si inutiles. Et toi, comment t’en sors-tu avec ce type d’exercices ? Quelles sont tes conseils pour entamer ce type de discussions ?
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Au plaisir de te lire.
Sophie
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N’ayant travailler qu’en amerique du nord et projetant de revenir travailler en France, j’ai l’impression que je vais vivre quelque chose avec ces Small talks ahah. On verra ce que ca donne, merci!
Bonjour Patrick. Quand vous serez revenu en France, n’hésitez pas à nous faire un retour sur le sujet. Effectivement, les relations ne sont pas exactement les mêmes entre les deux continents. C’est déjà vrai à l’échelle de la France.